Les charbonniers du Vercors : ouvriers de l’ombre et des forêts

Jusqu’au milieu du XXe siècle, les charbonniers occupaient une place essentielle dans l’économie du Vercors, massif largement couvert de forêts. Installés dans les bois durant plusieurs semaines, parfois avec leur famille, dans des conditions de vie difficiles, ces artisans du feu surveillaient la combustion lente du bois sous des meules de terre. Il s’agissait de faire « cuire » le bois sans le brûler afin d’en extraire du charbon, indispensable à la métallurgie, aux foyers et aux forges. Des vestiges sont encore visibles aujourd’hui dans certaines forêts du massif, en particulier dans le Vercors drômois et le Royans. Au détour d’un sentier, apparaissent parfois les ruines d’anciennes cabanes rudimentaires, de charbonnières ou de plateformes de travail abandonnées, comme sur le plateau d’Ambel ou dans la forêt de Lente. Des sentiers thématiques et visites guidées, notamment autour de Saint-Agnan-en-Vercors ou La Chapelle-en-Vercors, permettent de découvrir cette mémoire en lien étroit avec la forêt. A Saint-Martin-en-Vercors, une exposition permanente évoque les anciens métiers de la montagne, parmi lesquels celui de charbonnier.

Feu ©Alice Roy

Bivouac et feu de camp : vibrer au cœur de la nature

Après une journée de randonnée, se rassembler autour d’un feu de camp et laisser les flammes danser dans l’obscurité, plongeant les visages dans un subtil jeu d’ombres et de lumière. Vivre l’expérience d’un bivouac en pleine nature, c’est renouer avec des émotions primaires, entre bonheur d’être ensemble, magie de la nuit étoilée et réconfort d’un feu. Dans le Parc naturel régional du Vercors, le feu reste cependant réglementé. Si le bivouac est toléré, il doit répondre à des conditions bien particulières : une seule nuitée, tente légère, installation à 17h et départ à 9h. Dans la réserve naturelle des Hauts Plateaux du Vercors, le feu est interdit, sauf dans les cabanes refuges où il fait bon allumer le poêle et se réchauffer au coin du feu après une belle journée de randonnée. Partout ailleurs, les feux sont interdits afin d’éviter tout risque d’incendie et de dégrader un environnement fragile, où vivent souvent des espèces sensibles ou protégées. Pour autant, l’esprit du feu reste bien présent : dans la lumière des réchauds au crépuscule, les veillées autour d’une frontale, les soirées à la lueur des étoiles, ou auprès du poêle brûlant d’une cabane non gardée, on retrouve toute la magie du feu de camp.

feu en bivouac ©Itinera Magica

Feux de la mémoire : la Résistance

Dans le Vercors, le feu raconte aussi l’histoire de France. En effet, pendant la Seconde Guerre mondiale, le massif fut le théâtre d’une résistance ardente et de combats dramatiques. Les coups de feu ont résonné dans ces montagnes où se cachaient les maquisards qui s’opposaient à l’occupant nazi, faisant du massif un haut-lieu de la Résistance française. Sous l’impulsion de leaders comme Jean Prévost, François Huet ou encore Pierre Dalloz, le Vercors devint dès 1942 un véritable maquis organisé. Le Vercors devait devenir un socle essentiel de la Libération et abritait plus de 4000 maquisards et sympathisants.En juillet 1944, en représailles à cette audace, les troupes allemandes lancèrent une opération militaire d’envergure. Appuyées par des avions et des troupes aéroportées larguées, elles écrasèrent la Résistance sous un déluge de feu. Les combats firent plus de 600 morts. Des villages comme Vassieux-en-Vercors, La Chapelle-en-Vercors ou Saint-Martin-en-Vercors furent détruits, leurs habitants massacrés ou déportés. Aujourd’hui, le Parc naturel régional du Vercors est jalonné de nombreux lieux de mémoire qui permettent de comprendre l’engagement de ceux qui combattaient pour la liberté. De nombreuses randonnées historiques permettent de marcher dans les pas des résistants, sur les lignes de crête ou dans les forêts où ils se cachaient. Le visiter aujourd’hui, c’est découvrir une page majeure de l’histoire de France aux valeurs encore brûlantes.

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Resistance ©Focus Outdoor

La flamme vive des traditions

Le feu se retrouve aussi dans les fêtes de village, les rassemblements d’alpagistes et les animations qui rythment l’année. Il n’est pas rare de se retrouver autour du vieux four d’un village où dorent du pain et des tartes à l’ancienne. Certains artisans cultivent encore les méthodes traditionnelles, comme les couteliers de Die qui proposent aux visiteurs de forger leur propre lame. Les potiers perpétuent eux aussi le savoir-faire ancestral de la cuisson de la terre et dévoilent leur travail dans les boutiques de Villard-de-Lans ou à l’atelier de Font-d’Urle. Enfin, les boulangers utilisent encore parfois le feu de bois pour cuire leurs pains, comme à Autrans-méaudre en Vercors et Saint-Martin-en-Vercors. Les marchés locaux, les festivals et les échoppes nichées dans les villages invitent à découvrir ces productions qui incarnent l’âme du territoire.

©Nacho Grez